Le Figaro, 23. 8. 1885
L'Entrevue des empereurs.
Par dépêche
Kremsier, 22. août.
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La grande entrée du château est gardée par deux grenadiers du cardinal-archevêque, en uniforme semblable à celui du premier Empire, avec bonnets à poil. Deux petits canons du XVIe siècle, fraîchement peints, se trouvent de chaque côté des grilles.
La petite ville, si tranquille d'ordinaire, est en pleine fièvre.
6. h. du soir.
Le jardin épiscopal, hermétiquement fermé, est ouvert à l'instant pour le correspondant du Figaro.
C'est un parc anglais immense, constellé de lacs, d'étangs, traversé par un bras de la March et entouré d'un fossé.
Un châtelet du parc sera, dit-on, occupé par la police russe. Quatre conseillers de police russe viennent, du reste, d'arriver.
Quelques chiffres donneront une idée du remue-ménage qui a lieu dans le vieux château.
On a envoyé de Vienne 430 fonctionnaires et domestiques, dont plus de cent palefreniers; 90 équipages et 200 chevaux.
La suite du Czar se composera de plus de 100 personnes.
La cour de Vienne aura donc environ 600 personnes à héberger.
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Le Figaro, 24. 8. 1885
Figaro a Kremsier. 23 août.
L'arrivée du Czar réste fixée à mardi midi.
Sa Majesté ne traversera pas la ville, mais se rendra directement au château, où elle entrera par la grille du parc la plus proche de la gare.
Le chemin à parcourir n'a que 600 pas, et il se passera sept sept minutes seulement entre la réception à la gare et l'arrivée au château.
C'est calculé à la seconde, car on fait tous les jours une sorte de répétition générale avec toute la file des équipages.
Tout près de la gare, Leurs Majestés Impériales passeront sous un arc de triomphe surmonté de la statue de la Paix.
La voie ferrée, de Hullein à Kremsier, sera gardée par des dragons.
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Kremsier posséde 12000 habitants dont les trois quarts sont des Slaves. Le Czar se trouvera donc au milieu d'une population très sympathique.
Valter Vogt.
Le Figaro, 26. 8. 1885
L'Entrevue des empereurs. Kremsier, 25. août.
L'Empereur d'Autriche est arrivée hier à trois heures avec l'Impératrice, le Prince impérial, l'archiduc Charles-Louis, le comte Kalnoky et une nombreuse suite. Sa Majesté a été reçue à la gare par quelques personnes seulement, parmi lesquelles le bourgmestre, le comte Taafe, etc. etc. On a admis seulement dix représentants de la presse: quatre viennois, deux russes et quatre autres de nationalités différentes, entre autres votre correspondant.
Le cortège a pris par la ville pour se rendre au château, accompagné sur toute la route par des acclamations enthousiastes. L'ordre était maintenu par les pompiers, les gymnastes, les vétérans et les délégué de la bourgeoisie. Aucun militaire, sauf quelques gendarmes. Toute la ville est superbement pavoisée.
Après l'arrivée au château, les paysans de la Hanque, dont Kremsier est la capitale, ont défilé devant les souverains. Troi cents jeunes paysannes aux costumes bariolés, figurant une noce Hanaque, étaient en tête de cortège. Puis suivaient deux mille paysans à cheval chaque district habillé d'une couleur différente: vert, rouge, bleu, blanc; chaque groupe était précédé d'une musique. Tous ces costumes, tous ces chevaux aux harnais éclatants offraient un tableau des plus pittoresques, malheureusement gâté par la pluie.
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A la vue du Czar les Unt! slaves (ce mot signifie gloire!) éclatent de toutes parts. Une simple haie de soldats garde la route jusqu'à la grille du parc par où le cortège entre au château. Partout des drapeaux, des couronnes, des emblèmes de paix. Paysans et paysannes hanaques forment de fort jolis tableaux vivant.
Malheureusement tout ce ravissant spectacle passe devant les souverains comme une vision, car pour aller de la gare au château, la voiture des empereurs n'a mis que deux minutes.
Les présentations faites d'après le cérémonial arrangé d'avance, n'ont pris que dix minutes et les souverains se sont retirés dans leur appartements.
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Valter Vogt.
Le Figaro, 27. 8. 1885
Le peintre Zichy a dessiné une scène de la chasse, destinée à être ajoutée à l'album contenant les faits et gestes du Czar.
